Qu’est-ce que le gaz de torche ?
Le gaz de torche, également connu sous le terme anglais « gas flaring », désigne le processus de brûlage de l’excès de gaz qui est libéré lors de l'extraction du pétrole.
Ce gaz est un sous-produit de l'extraction du pétrole. Il est notamment possible d’observer sa combustion émanant des cheminées présentes sur les sites d'extraction pétrolière.
Cet excédent de gaz est brûlé pour différentes raisons. Premièrement, ce gaz est principalement composé de méthane. Le processus de combustion permet de convertir le méthane (CH4) en dioxyde de carbone (CO2), qui est environ 25 fois moins polluant.
Le gaz accumulé autour du pétrole dans les réservoirs souterrains doit être évacué avant le forage du pétrole pour éviter une augmentation soudaine de la pression pouvant provoquer des explosions. Brûler le gaz permet de réduire cette pression et d'éviter les risques pour les travailleurs et les infrastructures.
Enfin, lorsque de petites quantités de gaz sont produites en excès, ou lorsque la création des infrastructures pour récupérer et transporter ce gaz ne serait pas rentable, les pétroliers préfèrent simplement le brûler plutôt que d'investir dans sa collecte et son utilisation.
En 2022, la quantité de gaz torchés s'élevait à 138,55 milliards de m3, ce qui représente 357 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit environ 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le torchage de gaz est le plus fréquent en Russie, responsable de 25,5 milliards de m3, en Iraq avec 17,9 milliards de m3, et en Iran avec 17,2 milliards de m3.
Figure 1 : Quantité de gaz torché par an et par pays
Le torchage de gaz a aussi des conséquences néfastes directes sur la santé humaine.
Il libère dans l'air des produits chimiques : le benzène et le naphtalène, des produits cancérigènes pouvant provoquer des maux de tête, des tremblements, des battements cardiaques irréguliers, et endommager les yeux et le foie chez les personnes résidant à proximité.
C’est pourquoi la Banque mondiale a lancé en 2015 l’initiative « Zero Routine Flaring by 2030 », visant à ce que les industriels arrêtent le torchage systématique de gaz.
Figure 2 : Quantité de gaz torché (bleue) comparée à la production de pétrole (noire) depuis 1996
Comme le graphique ci-dessus l’indique, les compagnies pétrolières ne semblent pas décidées à arrêter le gaspillage de ce gaz. En effet, la quantité de gaz torchés reste constante depuis 2010.
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Et si le gaz de torche pouvait être exploité ?
Une étude de 2010 réalisée par le professeur Ola Eriksson pour l'Université de Gävle montrait qu’un mètre cube de gaz naturel permettait de produire 11 kWh. Ainsi, les 138,55 milliards de m3 de gaz torchés en 2022 auraient pu produire jusqu’à 1 524 TWh. Cela représente la consommation énergétique du Brésil additionnée à celle de la Corée du Sud et de la France.
De plus, un rapport de l’Agence internationale de l'énergie montre que parmi les 935 milliards de m3 de gaz naturel extraits en 2019, environ 6% (en jaune dans le graphique ci-dessous) n’étaient même pas torchés, mais simplement relâché dans l’air.
Ces 55 milliards de m3 de gaz pourraient donc générer jusqu’à 605 TWh.
Figure 3 : Utilisation du gaz par région
Cependant, comment les industriels pourraient-ils exploiter ce gaz ? Est-il voué à brûler sans servir à quoi que ce soit d’utile ?
Il serait très complexe de raccorder les sites de forage au réseau électrique, car ceux-ci sont souvent éloignés des centres urbains et surtout mobiles. De même, l'implantation d'une industrie à proximité présenterait des risques pour la santé des travailleurs. C'est ici que le minage de Bitcoin entre en jeu.
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Pourquoi le minage de Bitcoin (BTC) et pas une autre industrie ?
Le choix du minage de Bitcoin par rapport à d'autres industries repose sur plusieurs facteurs clés qui en font la seule option sérieuse pour exploiter l'excédent de gaz gaspillé.
Contrairement à de nombreuses industries nécessitant une infrastructure fixe et des installations lourdes, les ASICs (les machines dédiées au minage de Bitcoin) sont généralement stockées dans des conteneurs pouvant être facilement débranchés puis déplacés à travers le monde.
Cette caractéristique facilite le déplacement rapide des fermes de minage, comme peuvent en témoigner les mineurs ayant quitté la Chine à la suite de l'interdiction du minage de Bitcoin par le gouvernement en 2021.
Selon des calculs de l’Université de Cambridge, le minage de Bitcoin consomme environ 116,61 TWh par an. Le minage de Bitcoin (BTC) et sa capacité à s'arrêter puis à se déplacer rapidement dans n'importe quel environnement en font ainsi la seule industrie capable d'utiliser efficacement l'énergie actuellement gaspillée.
De plus, les 1 524 TWh pouvant être produits grâce au gaz de torche, ainsi que les 605 TWh pouvant être générés grâce au gaz simplement libéré dans l'air, pourraient ensemble alimenter l'ensemble du réseau Bitcoin avec un facteur de 18,26.
Dans un scénario hypothétique où Bitcoin serait exclusivement alimenté par du gaz de torche, son empreinte carbone serait alors nulle, car l'ensemble du réseau reposerait sur une énergie de toute façon polluante même sans lui.
À l'heure actuelle, bien que la part d'énergie provenant du gaz de torche soit encore faible dans l’énergie consommée par le réseau Bitcoin, environ 1%, il représente une opportunité significative de croissance pour cette industrie.
Grâce à ses caractéristiques uniques, Bitcoin pourrait non seulement contribuer à réduire le gaspillage d’énergie, mais également jouer un rôle positif dans la transition vers des sources d'énergie plus durables et la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre.
Nous tenons à remercier Daniel Batten pour sa contribution précieuse à cet article. Il nous a généreusement partagé la source sur la production énergétique du gaz naturel et ses travaux ont été d'une grande aide pour enrichir ce contenu.
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Sources : The World Bank ; Figure 1 et 2 Banque Mondiale ; Figure 3 : Agence Internationale de l’Énergie
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Marius Farashi Tasooji
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