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En temps de crise, quelle devise choisir?


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    Les crises obligataire, immobilière et désormais boursière incitent les investisseurs à privilégier le cash. Oui, mais quel cash? Dans quelle devise? Dollar, yen, franc, or ou bitcoin?

    Commençons par le roi dollar. Considéré comme valeur refuge, le greenback a tendance à s’apprécier lorsque le sentiment des investisseurs se détériore. Les deux dernières années constituent un cas d’école pour démontrer ce phénomène (cf. Fig. 1). Tant qu’il perdurera, le dollar pourra être considéré comme une devise «anti-crise» dans les portefeuilles. Cette relation n’est toutefois pas pérenne. A long terme, le billet vert dépend davantage des taux d’intérêt et, plus encore, de l’inflation. L’approche de la Parité des Pouvoirs d’Achat (PPA) stipule que 1 euro devrait s’échanger contre 1,27 dollar. Cette approche, inopérante à court terme, est toujours gagnante sur le très long terme. Les investisseurs doivent donc garder en tête que le dollar est actuellement très cher.

    Fig. 1 – Le dollar s’apprécie en temps de crise

    Le Japon est historiquement un important exportateur de capitaux vers le reste du monde, en particulier vers les États-Unis. En cas de crise, les investisseurs japonais ont tendance à rapatrier leurs capitaux. Ce flux soudain d’achats de yens entraîne une hausse de la monnaie. Les investisseurs internationaux, conscients de ce phénomène de fuite vers la qualité, deviennent également acheteurs de yens, amplifiant ainsi le mouvement. Depuis des décennies et grâce à ce phénomène de flux de capitaux, le yen est considéré comme une valeur refuge. Toutefois, à vouloir contrôler la courbe des rendements (Yield Curve Control), la Banque du Japon émet tellement de yens pour racheter sa propre dette publique qu’elle en dilue la valeur de sa monnaie. Les investisseurs l’ont compris, ils s’écartent désormais du yen même en cas de crise.

    Le franc s’appuie sur les robustes fondamentaux de l’économie suisse, notamment ses entreprises internationales à très haute valeur ajoutée, son faible niveau d’endettement et son inflation maîtrisée. Année après année, la Banque Nationale Suisse veille à ce que les mouvements sur le marché des changes ne soient pas trop brutaux, mais elle laisse le franc s’apprécier tendanciellement. Même la faillite de Crédit Suisse, en mars dernier, n’est pas parvenue à faire douter les cambistes. La monnaie helvétique est promise à un avenir radieux. Voilà enfin une devise refuge digne de ce nom.

    L’or et le bitcoin ont en commun de ne pas dépendre des Etats et de leur complaisance à imprimer excessivement de la monnaie. Leur production est limitée à une quantité prédéfinie, physiquement ou techniquement. De ce point de vue, les deux actifs se ressemblent. Pour le reste, tout les oppose. L’or est une matière première, un actif accessible à tous par nature, également utilisé dans l’industrie, et donc difficile à réglementer. A l’opposé, le bitcoin est un actif décentralisé mais assimilable à un actif privé, indépendant des Etats pour sa création mais pas pour sa circulation, et qui n’a pas d’autre fonction utilitaire que le commerce. Son caractère digital en fait un actif facile à bannir par un simple décret politique. Si l’on ajoute à cela qu’il a tendance à être fortement corrélé aux actions et que sa volatilité est extrême, on comprendra aisément pourquoi les investisseurs plébisciteront l’or plutôt que le bitcoin comme devise refuge.

    Fig. 2 - Prêts pour un décollage de l’or, comme en 2019?

    Entre 2014 et 2018, comme entre 2021 et 2023, l’once d’or a dû affronter la hausse des rendements obligataires et la force du dollar (cf. Fig. 2). Face à ces vents contraires qui rendaient sa détention peu attrayante aux yeux des investisseurs, son prix a oscillé autour d’une tendance horizontale: 1’200 dollars à l’époque et 1’800 dollars récemment. Entre ces deux périodes de «stabilité», en 2019 et 2020, l’once d’or s’est appréciée de 50%. Une progression impressionnante. Qui s’en souvient? Les investisseurs avertis ne sont pas pressés car ils savent d’ores et déjà que leur patience sera généreusement récompensée dès que les taux chuteront et/ou que le dollar se dépréciera.

    En conclusion, les devises refuges ne se valent pas toutes. L’or et le franc suisse possèdent des fondamentaux très solides. Le dollar un peu moins. Quant au yen et au bitcoin, ils ne devraient pas faire partie de la discussion, tant les risques qu’ils apportent à l’investisseur sont importants.

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    Author: George Goodwin

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